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Médecins passionnés pour champions adulés

(aout 1997)

Article publié dans Le Journal du Médecin du 22 août 1997

 

 

Ce week-end, le Grand Prix de Belgique de Formule 1 va polariser l’attention de centaines de millions de téléspectateurs sur le circuit de Francorchamps. Un événement qui s’entoure d’un encadrement médical impressionnant.

 

La Formule 1 ne fait jamais dans la demi-mesure lorsqu’il s’agit d’argent: des milliards d’investissements pour moderniser les circuits, d’autres milliards pour les budgets de fonctionnement des écuries, un milliard de salaire annuel pour les plus doués, etc. A côté de ces sommes astronomiques, le quasi-bénévolat du personnel formant les équipes de secours semble, lui aussi, démesuré. Quatre-vingt-deux médecins et paramédicaux seront à pied d’oeuvre dès sept heures du matin, ce vendredi, pour les premiers essais du Grand Prix de Francorchamps. En y ajoutant les chauffeurs d’ambulance et les pilotes d’hélicoptères, on obtient une centaine de personnes mobilisées durant tout le week-end, au cas où les choses tournaient mal pour les concurrents ou leurs mécaniciens.          

 

Que se passe-t-il en cas d’accident ? « Nous avons cinq véhicules d’intervention rapide disséminés le long des sept kilomètres de circuit, explique le Dr Tellings, responsable de l’antenne médicale. Dans chacun d’eux se trouve un médecin anesthésiste et un réanimateur, qui sont accompagnés d’une ambulance dans laquelle ont pris place un médecin à tendance chirurgicale et une infirmière habituée aux soins d’urgence. Pour la Formule 1, on ajoute encore deux véhicules médicalisés sur le circuit. Lorsque le Dr Wahlen, qui reste en permanence dans le local de la direction de course, constate un accident, il envoie l’équipe la plus proche ». Trois autres véhicules sont répartis sur le tracé, avec à leur bord un médecin et six secouristes spécialisés dans l’extraction d’un pilote d’une voiture accidentée. « L’habitacle d’une Formule 1 est très étroit, précise le Dr Wahlen. A la limite, on pourrait dire qu’il faut un chausse-pied pour y rentrer et deux tire-bouchons pour en sortir ! Un jour, lors d’essais privés, un pilote français a été retiré maladroitement de son cockpit après un accident, ce qui a provoqué une lésion définitive à la colonne vertébrale, au niveau de la moelle. Suite à cet incident, la Fédération Internationale de l’Automobile (FIA) a préconisé la formation d’équipes spécialisées dans l’extraction ».

 

                                   « Gérer » le patient

 

Lorsqu’il est sorti de l’habitacle, le pilote est emmené vers l’antenne médicale du circuit, où se trouve une vingtaine de personnes: trois anesthésistes, un chirurgien thoracique, un chirurgien osseux, un neurochirurgien, des réanimateurs, etc. Installée dans une ancienne maison de campagne, à environ deux kilomètres des paddocks, l’antenne médicale sert avant tout à « gérer » au mieux le patient avant son évacuation. Les opérations y sont rares et ne concernent que les cas les plus urgents. « Sur certains circuits, les antennes médicales sont quasiment de petits hôpitaux, remarque le Dr Wahlen, mais ça ne sert à rien parce qu’il n’y a de toute façon pas de possibilité d’hospitalisation après le Grand Prix ». Mieux vaut donc évacuer le blessé au plus vite vers l’un des hôpitaux de la région, qui sont prévenus de cette éventualité avant le week-end de course. Deux hélicoptères médicalisés sont posés en permanence près de l’antenne.

 

L’équipe médicale du Grand Prix est la même que celle de toutes les épreuves disputées sur le circuit de Francorchamps. « C’est un avantage, confie le Dr Wahlen, parce qu’il n’est pas donné à tout le monde d’agir directement lorsque l’on est entouré d’un public nombreux et qu’on se sait regardé par des millions de téléspectateurs. Nous avons connu des personnes remarquables d’un point de vue médical mais qui marquaient un temps d’arrêt avant d’agir, à cause du stress ». Grâce à cette présence sur toutes les courses se déroulant à Spa, l’« équipe piste » est parfaitement rodée lorsqu‘arrive le Grand Prix de Formule 1. Elle a également l’occasion de s’entraîner à l’extraction d’un pilote sur d’anciennes Formule 1 conservées dans un musée à Stavelot.  

 

                                Le danger des ravitaillements

 

Sur les quatre dernières années, l’antenne médicale a accueilli plus de deux cent cinquante patients, dont quatre sont décédés. Aucun blessé grave n’a été déploré jusqu’ici en Formule 1 à Francorchamps. La commission médicale de la FIA, dont fait partie le Dr Wahlen, met régulièrement à jour ses règlements de sécurité afin de les adapter aux progrès techniques ou sportifs. Voici quelques années, les ravitaillements (c’est-à-dire les approvisionnements en essence) ont été à nouveau autorisés au cours des Grands Prix. Ce bouleversement des stratégies de course des écuries n’est pas sans conséquence sur les secours, étant donné les risques d’incendie dus à ces « pleins » effectués en quelques secondes. « Deux médecins réanimateurs et six infirmiers se trouvent désormais dans les stands, explique le Dr Tellings. Ils sont équipés de casques et d’une combinaison ignifugée. Un brancard monté sur grandes roues permet par ailleurs de parcourir la pitlane très rapidement, sans que l’on doive attendre l’arrivée d’une ambulance ».                

 

A noter que l’équipe médicale du Grand Prix se concentre sur les secours des participants aux courses. C’est la Croix Rouge qui prend en charge les éventuels blessés parmi le public. Tous croisent les doigts pour intervenir le moins souvent possible...

 

                                                                  Samuel Grumiau    

 

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