Un pays où l'on travaille moins...
(Article publié dans "Le Monde Syndical" du XXXX)
UN PAYS OU L’ON TRAVAILLE MOINS…
La réduction du temps de travail de 39 à 35 heures est effective en France depuis le 1er février dernier. Travailler moins pour vivre mieux et créer de l’emploi ? Les avis sont partagés.
Ce n’est pas la première fois que la France lance le débat sur la réduction du temps de travail. En 1995 déjà, un accord interprofessionnel national s’était prononcé en ce sens, sans qu’il soit toutefois suivi de négociations sectorielles. Le dernier gouvernement de droite avait relancé la question par l’entremise de la Loi Robien qui, en 1996, offrait des aides financières aux entreprises qui diminuaient les temps de travail de 10% tout en engageant dans les mêmes proportions. Là non plus, la pratique n’avait pas suivi et le législateur a donc remis son ouvrage sur le métier en adoptant la Loi Aubry, du nom du ministre de l’Emploi de l’actuel gouvernement de gauche, qui contraint les entreprises de plus de vingt salariés à ramener le temps de travail hebdomadaire à 35 heures. Elles disposent d’un délai de deux ans pour négocier un accord en ce sens et obtiennent en échange un allégement conséquent de leurs charges sociales : pour les salaires de 1,2 à 1,5 fois le SMIC (le salaire minimum), ces aides correspondent à une diminution d’environ 10% de la masse salariale. Les sociétés qui n’auront pas conclu d’accord en 2002 seront sanctionnées par une taxation plus lourde des heures supplémentaires de leur personnel. Quant aux entreprises de moins de vingt salariés, il est prévu qu’elles suivent le même cheminement avant 2.004.
C’est donc contraints et forcés par la loi que patrons et syndicats se mettent autour de la table pour négocier des accords. Côté gouvernement, on pavoise : depuis la première mouture de la loi Aubry, en juin 1998, quelque 26.618 accords d’entreprise sur les 35 heures ont été signés, prévoyant la création de 152.000 emplois et la sauvegarde de 23.000 autres. 28,4% des salariés à temps plein sont désormais passés à 35 heures. Côté syndical, les avis sont plus partagés. Lors de son dernier congrès, en mars, Force Ouvrière a regretté que la RTT (réduction du temps de travail) soit avant tout « un enjeu électoral, un outil de déréglementation qui supprime de fait toute durée légale hebdomadaire ». FO dénonce le fait que le calcul de la moyenne des 35 heures est effectué sur une base annuelle, ce qui contraint les travailleurs à plus de flexibilité. Une entreprise qui reçoit beaucoup de commandes à certains moments de l’année exigera, par exemple, que ses salariés travaillent 45 heures pendant les périodes de « rush », puis 25 heures le reste du temps. Cette légalisation de la flexibilité à outrance peut déranger la vie de famille des salariés. FO souligne aussi que le personnel qui ne touche que le SMIC va voir sa rémunération diminuer puisque ce salaire est calculé sur une base horaire. Le syndicat exige dès lors une augmentation immédiate du SMIC de 11,4%.
Un autre grand syndicat français, la CFDT, considère la réforme d’un œil plus favorable. Il estime qu’étant donné la complexité de la mutation, les négociations au sein des entreprises qui passent aux 35 heures sont assez longues (neuf mois en moyenne) avant d’arriver à un accord, ce qui offre aux syndicats le temps de faire valoir d’autres revendications concernant l’organisation du travail. On constate d’ailleurs qu’une réorganisation de l’activité est prévue dans 80% des accords. Certains salariés se plaignent toutefois d’une surcharge de travail : les embauches n’ayant généralement pas lieu dans tous les secteurs d’une entreprise, les salariés qui passent de 39 à 35 heures sans voir arriver de nouveau collègue doivent bien souvent effectuer la même tâche en moins de temps, ce qui produit un surcroît de stress et d’insatisfaction. En revanche, la CFDT se félicite d’observer que, dans plus de neuf dixièmes des cas, le passage aux 35 heures s’effectue sans perte directe de salaire pour le travailleur. Cette constatation, ajoutée aux créations d’emplois, encourage le gouvernement français à poursuivre dans la même voie.
Samuel Grumiau
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