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« J’entendais les cris d’autres prisonniers torturés pendant la nuit »

(Article publié dans le Journal du Médecin du XXXXX)

 

Plus de 1.300 prisonniers politiques croupissent actuellement dans les prisons de la junte militaire birmane. Les intellectuels, tels les médecins ou les étudiants, sont nombreux parmi ces prisonniers. Une femme médecin ose témoigner après sa sortie de prison.

 

Le Dr Khin Mar Kyi a été arrêtée à son domicile en 1996 alors qu’elle détenait des livres en faveur de la démocratie écrits par la Prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi. Condamnée à six années de prison pour « distribution de publications antigouvernementales », elle a été libérée l’an dernier et a accepté de témoigner sur la vie carcérale en Birmanie à la radio « Democratic Voice of Burma » (1). « Après mon arrestation, ils ont essayé de m’impressionner, ils ne m’ont pas frappé directement mais ils me plaçaient dans des cellules en isolement et j’entendais les cris d’autres prisonniers torturés pendant la nuit. Je me sentais comme un animal, la porte de ma cellule ne s’ouvrait que pour me jeter de la nourriture à la limite du comestible. Il n’y avait pas de lit, juste une natte sale sur le sol, et il faisait très froid en hiver. Je n’avais quasiment jamais l’occasion de parler à quelqu’un, mais je me forçais à raisonner, à garder mon cerveau en éveil, à méditer. Les mots ne sortaient plus lors des rares occasions où je pouvais parler, et j’ai commencé à avoir des doutes sur moi-même ».

 

La qualité des soins médicaux, déjà désastreuse pour les Birmans en général (voir reportage dans le JDM n°1536 du 26 septembre dernier), l’est encore davantage en prison. En tant que médecin, Khin Mar Kyi se rendait compte que les médicaments qu’on lui donnait en cas de maladie n’étaient pas du tout adaptés. « Quel que soit le symptôme, le personnel de la prison nous donnait toujours les mêmes médicaments. A la fin, je ne les informais même plus de mon état physique, ça ne servait à rien, je préférais me soigner en faisant quelques exercices et en méditant. La nourriture immonde qu’on nous donnait était source de biens des maladies. Parfois, je devais me boucher les narines tellement le riz sentait l’excrément de porc ». D’après le Dr Khin Mar Kyi, la qualité de la nourriture et des soins médicaux s’améliorait légèrement à l’approche d’une visite de représentants du CICR (Comité international de la Croix-Rouge), mais redevenait catastrophique juste après.

 

Au bout de ces six années, le Dr Khin Mar Kyi a été libérée. D’autres prisonniers politiques n’ont pas eu cette « chance » et sont maintenus en détention même après avoir fini de purger leur peine. Quant aux prisonniers de droits communs, il arrive fréquemment qu’ils soient emmenés de force à des centaines de kilomètres de leur prison peu avant la fin de leur peine, et que des militaires les contraignent au travail forcé durant de nombreux mois supplémentaires, par exemple pour la construction de routes, le transport de matériel à dos d’homme ou encore la réparation de ponts (en compagnie de soi-disant « volontaires » que les chefs de village doivent fournir aux unités militaires, mais qui sont eux aussi des travailleurs forcés). D’autres sont contraints de marcher devant les colonnes militaires qui traversent des zones où subsistent des rebelles armés, afin qu’ils soient les premiers à sauter sur les mines antipersonnel qui y sont posées.   

 

                                                                                            Samuel Grumiau

 

(1) Une radio animée par des opposants à la dictature militaire birmane qui émet depuis la Norvège.

 

                                    Libérez le Dr Min Soe Lin

 

Le Docteur Min Soe Lin est né à Kawdon, dans l’Etat Mon, le 32 août 1957 (1). Il obtient son diplôme de médecin à l’Institut de médecine de Rangoon en 1985 et rejoint le Front démocratique national mon (MNDF) à sa création, après les manifestations étudiantes de 1988 en faveur du retour de la démocratie, et qui ont été réprimées dans le sang. Il est le secrétaire général du parti et est élu aux élections de 1990, dont les résultats n’ont jamais été reconnus par la junte militaire. Les autorités birmanes arrêtent le Dr Min Soe Lin une première fois à Mudon, dans l’Etat Mon, le 6 novembre 1997 suite à son rôle dans l’organisation de la 50ème fête nationale des Mons, en février de la même année. Il est libéré quelques semaines plus tard, puis à nouveau arrêté et condamné à 7 ans de prison en 1998 pour ses activités au sein du MNDF. Il est actuellement enfermé à la prison de Mawlamyine, Amnesty International vient d’apprendre qu’il y a contracté la tuberculose. Vu le manque de soins dans les prisons birmanes, il est voué à la mort s’il reste en prison. Un groupe de militants de la section belge francophone d’Amnesty International (le groupe n°14) a pris en charge le cas du Docteur Min Soe Lin. Afin de le libérer, il demande à tous d’envoyer une lettre ou carte postale aux autorités birmanes. Si vous désirez participer à cette action et recevoir les coordonnées des autorités ainsi que des cartes postales avec le texte de la demande imprimé, contactez Cédric Libert, du groupe 14 d’Amnesty, par E-mail à l’adresse cedric.libert@swing.be, ou via le GSM 0475/596892.

      

(1)     Les Mons sont l’une des plus importantes minorités de Birmanie

 

 

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