Fouilles d’une ville viking en Suède
(Article publié dans "Archéologie nouvelle" du XXXXX)
Fouilles d’une ville viking en Suède
Le plus important site archéologique scandinave, Birka, a vu son activité redoubler ces cinq dernières années avec la visite de nombreux scientifiques. Leurs fouilles permettent de mieux se représenter la manière dont vivaient les Vikings. Entre autres découvertes: des écritures runiques, une fonderie de bronze, des pièces d’argent arabes, des perles et... cinq tonnes d’os!
L’ancienne ville de Birka est située sur une île nommée Björkö, à trente kilomètres à l’ouest de Stockholm, au milieu du lac Mälaren. Le millier de personnes qui y vivaient entre le huitième siècle et les années 970 était principalement composé d’artisans et de marchands. Considérée comme la première ville ayant existé en Suède, Birka était un important centre de commerce international: outre les échanges avec l’Ouest, beaucoup de bâteaux sillonnaient l’Europe de l’Est à travers les rivières russes jusque la mer Caspienne (via la Volga) et ensuite Bagdad. De nombreuses pièces de monnaie arabe ont ainsi été découvertes à Birka.
Le commerce de fourrures était important à l’époque. Des peaux séchées étaient amenées à Birka, où les artisans les transformaient en vêtements. Les archéologues ont ainsi retrouvé des milliers d’os métatarsiens ayant appartenu à des écureuils ou à des fouines, os qui avaient été jetés après qu’on ait cisaillé les pattes des animaux.
Colline fortifiée
C’est la partie ouest de Björkö qui recèle le plus de richesses archéologiques. On y trouve notamment les traces d’un fortin dans lequel les habitants se réfugiaient en cas de danger. Bâti sur le point culminant de l’île, il se distingue des autres abris de la vallée Malären par la hauteur de ses murs (sans doute de 3 à 4 mètres) et la grande quantité de terre utilisée dans leur construction. Il est renforcé par un important rempart de pierres et de terre là où la pente de la colline n’est pas suffisament prononcée pour offrir une défense naturelle contre les assaillants.
Le site archéologique est connu depuis longtemps: à la fin du XIXème siècle déjà, des fouilles avaient été entreprises mais ce n’est que depuis 1990 qu’elles ont pu être menées de façon systématique, grâce à des sponsors privés. Les archéologues ont ainsi pu établir que la ville avait été construite selon un tracé régulier: les petites maisons étaient réparties en parcelles alignées le long de la mer et séparées par des fossés ou des clôtures. Chaque parcelle ne comprenait pas plus de deux maisons.
L’exploration de ces parcelles est riche en trouvailles. « Nous avons par exemple découvert de nombreux moules datant de la période 700-850, explique le directeur des fouilles, Björn Ambrosiani. Ils nous permettent de reconstituer l’ordre de production de tous les ornements trouvés dans les cimetières entourant le Stockholm d’aujourd’hui. Voici quelques années, peu d’entre nous auraient pu les dater plus précisément qu’à un siècle près. Nous distinguons à présent six étapes de production».
A noter que Stockholm n’existait pas du temps de Birka et que le royaume de Suède était dépourvu de capitale administrative avant 1634. « Auparavant, confie B. Ambrosiani, le Roi ne vivait pas à un endroit fixe dans le pays. Son administration et sa trésorerie le suivaient partout où il allait, la capitale correspondant à l’endroit où il se trouvait à tel ou tel moment ».
Les Vikings rajeunis ?
Plusieurs cimetières ont été découverts sur l’île de Björkö, large d’environ deux kilomètres. Le plus grand comprend 600 tumulus et, au total, ce sont 3000 tombes que l’on peut dénombrer. Toutes remontent aux deux premiers siècles de la période des Vikings... le problème étant de déterminer son début. On a toujours considéré qu’elle commençait aux alentours de l’an 800. Les récentes découvertes à Birka tendent à prouver qu’elle débuterait cinquante ans plus tôt. Ce dont on est sûr en revanche, c’est que les activités à Birka avaient déjà commencé avant 750 et que les premiers raids vikings n’ont pas lieu avant 800.
La plupart des tombes retrouvées sont surmontées de monticules imposants. Certains sont entourés de bordures en caillou, d’autres servent de support à une pierre verticale. Ces monticules sont parfois triangulaires avec des côtés concaves. La fouille des cimetières conduit à penser que différentes catégories de personnes ont été enterrées à Birka. On y a en effet décelé deux types de tradition funéraire: une partie des tombes ne contenait que les cendres résultant d’une crémation, l’autre recevait le cadavre du défunt reposant dans un cercueil ou une fosse en bois. Les archéologues estiment que les incinérations sont le fait des autochtones. Leurs avis sont partagés quant aux inhumations: une théorie veut qu’il s’agisse de population locale convertie au christianisme ou de marchands ayant émigré à Birka. Les objets découverts dans ces tombes sont en effet similaires à ceux des tombes de l’arrière-pays de Birka. Une autre théorie attribue plutôt les inhumations à des personnes étrangères: cette manière de procéder est très différente de celle des autochtones et on ne retrouve presque jamais dans ces tombes de peignes en andouiller (ramification des bois des cervidés), caractéristique des populations suédoises.
Religions païennes
Les cimetières de Birka regorgent par ailleurs de signes religieux aux provenances très diverses. Si la majorité des habitants croyaient aux divinités scandinaves (Odin, Thor, Freja, ...), on retrouve également quelques tombes décorées de signes musulmans (commerçants décédés à Björkö) ou chrétiens. Le missionnaire chrétien Angsar débarquait en effet sur l’île dès 829 pour y organiser une congrégation. Chassé sept ans plus tard, il revint en 850, un peu après la création du diocèse d’Hambourg-Brème. Ce dernier allait jouer un grand rôle dans la christianisation de la Scandinavie.
Les fouilles de Birka ont été suivies avec grande passion par la population suédoise depuis 1990... à tel point qu’une émission télévisée faisait le point chaque année sur l’avancée des travaux. L’Unesco a quant à elle inclu le site dans sa Liste du patrimoine mondial.
Des visites guidées de l’île de Björkö sont organisées en été au départ de Stockholm, les principaux objets découverts dans le site archéologique étant exposés dans le Musée d’histoire nationale. Un musée propre à Birka ouvrira ses portes cette année, on pourra notamment y observer une reconstruction d’une tombe du Xème siècle ou se plonger dans une reconstitution de l’environnement des Vikings.
Samuel Grumiau
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