Des dizaines de femmes et d'enfants meurent dans l'incendie d'une usine au Bangladesh
(novembre 2000)
(Article publié sur le site de la CISL, le 28 novembre 2000, à l'adresse http://www.icftu.org/displaydocument.asp?Index=991211939&Language=FR)
Des dizaines de femmes et d'enfants meurent dans l'incendie d'une usine au Bangladesh
L’inconscience de certains employeurs a encore frappé ce samedi 25 novembre au Bangladesh : 46 travailleurs, dont au moins 8 enfants, ont péri suite à l’incendie qui s’est déclaré dans le bâtiment de leur usine de textile, dont les portes avaient été fermées à clé.
46 travailleurs sont morts et plusieurs centaines d’autres ont été blessés samedi dernier dans l’incendie qui a ravagé une usine de textile, « Chowdury Knitwear and Garments Ltd », à Shibpur, dans le district de Narsingdi (Bangladesh). Plusieurs blessés sont encore entre la vie et la mort à l’heure actuelle. Il était environ 19 heures lorsque le feu s’est déclenché à partir de fils électriques, au dernier étage de l’usine, dans une salle réservée au repassage des vêtements. Les flammes ont rapidement gagné l’ensemble du bâtiment, où plus de 800 personnes effectuaient des heures supplémentaires. Dans un mouvement de panique, tout le monde s’est alors engouffré vers l’unique cage d’escalier du building de quatre étage, mais la grille d’entrée était fermée à clé. « Je travaillais au deuxième étage, explique Aziza, 22 ans, sur son lit d’hôpital. Lorsque j’ai entendu les autres crier qu’il y avait un incendie, je me suis précipitée vers les escaliers, mais tout le monde se bousculait, je suis tombée dans les marches et ceux qui me suivaient m’ont piétinée. Puis, je ne me souviens plus de rien. Je me suis réveillée à l’hôpital, avec le bras droit paralysé. Les grilles métalliques situées à l’entrée de chaque étage de l’usine étaient généralement fermées pendant les heures de travail. Samedi soir, seule celle du deuxième étage était ouverte. Les autres étaient fermées avec des cadenas, mais le gardien de l’usine ne retrouvait pas les clés pendant l’incendie. Il a fallu casser les verrous ». A noter qu’Aziza, comme de nombreuses autres employées du textile au Bangladesh, ne gagnait que 500 Takas (9 $) par mois pour travailler de 8 heure à 20 heures, avec parfois des heures supplémentaires allant jusque 22 heures, comme lors de l’incendie de samedi dernier.
Sur les 46 victimes, quatre ont été brûlées vives, d’autres ont été électrocutées ou asphyxiées par la fumée. Beaucoup sont mortes alors qu’elles étaient écrasées ou piétinées par la masse de travailleurs qui se précipitait vers la sortie. La cohue dans la cage d’escalier du bâtiment était telle que certains travailleurs ont cassé des fenêtres pour se jeter dans le vide afin d’échapper aux flammes. Selon des témoins, certains se sont alors empalés sur les flèches pointues de la grille qui entoure l’usine. La plupart des personnes décédées sont des jeunes femmes de moins de 25 ans (la main-d’œuvre féminine représente environ 85% du total dans le secteur textile au Bangladesh), dont au moins huit sont des enfants. La liste des victimes affichée à l’entrée d’un hôpital proche de l’usine mentionne notamment les noms de cinq travailleurs âgés de dix à douze ans et de trois âgés de quatorze ans.
L’usine «Chowdury Knitwear and Garments Ltd » est située dans la zone industrielle de BSCIC, à environ une heure et demie de route de Dhaka. La tragédie de samedi dernier est loin d’être le premier accident de ce genre au Bangladesh, un pays qui concentre son développement sur celui du secteur textile mais où les conditions de travail et sécurité dans les usines sont particulièrement dures. Les leaders syndicaux du BNCC (Bangladesh National Co-ordinating Council, qui regroupe les affiliés bangladais de la Fédération internationale des travailleurs du textile) exigent l’arrestation et le jugement du patron de l’usine. Ils exigent également le versement de 20.000 Takas (370 $) aux familles de chaque travailleur décédé et de 10.000 Takas à celle des personnes blessées. « L’employeur, Ali Akbar Chowdhury, a violé la loi à au moins trois reprises, déclare Z.M. Kamrul Anam, Président de la Bangladesh Textile Workers League : il employait des enfants de moins de quatorze ans, payait des salaires inférieurs au minimum légal de 930 Takas et fermait à clé les portes d’entrée de son usine ». Le Premier ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, a exprimé ses condoléances aux victimes de cette tragédie, elle a aussi exhorté les propriétaires d’usine à protéger la vie de leurs travailleurs et à indemniser les victimes. Le gouvernement et les employeurs du Bangladesh retiendront-ils, cette fois, la leçon ?
A Dhaka, Samuel Grumiau
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