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Des perles antisyndicales ?

(juillet 2000)

 

Article publié dans Le Monde Syndical de juillet 2000, aussi disponible à l'adresse http://www.icftu.org/displaydocument.asp?Index=991211137&Language=FR

 

 

Organiser quelques milliers de personnes isolées dans une étendue aussi large que l’Europe. Tel est le défi lancé aux syndicats polynésiens dans la perliculture.

 

Aucune convention collective n’existe dans la perliculture. Ce n’est pas une surprise. La grande dispersion géographique des fermes perlières rend en effet difficile l’organisation de ce secteur pour les syndicats polynésiens, dont les budgets ne sont pas importants : chaque déplacement exige de payer des billets d’avion et des frais de logement, sans compter la location de petits bateaux pour atteindre les îles les plus reculées, qui ne disposent d’aucun aérodrome. Les difficultés de déplacement des syndicalistes s’apparentent ainsi à celles des inspecteurs du travail. Est-ce à dire qu’il est impossible de recruter dans les atolls ? Non : les syndicats les plus représentatifs de Polynésie ont déjà effectué des missions et ont parfois des membres sur les îles les plus reculées, ils ont également rencontré des travailleurs de fermes perlières mais peu d’entre eux les ont rejoints.

 

On peut comprendre l’inquiétude de travailleurs isolés sur une île où les occupants de la ferme sont les seuls habitants : une fois le syndicaliste retourné à Papeete, ils se retrouvent seuls face à leur patron et en cas de conflit, ce sera leur parole contre celle de ce dernier. La Polynésie est toutefois dans la situation d’un Etat de droit, où le travailleur licencié pour activités syndicales peut récupérer son poste devant un tribunal. Bruno Sandras, secrétaire général d’Ati A I Mua, un syndicat affilié à la CISL, tient à mettre les points sur les « i » : « On montre du doigt les employeurs, mais il ne faut pas sous-estimer les torts des travailleurs, qui acceptent des horaires et des conditions de travail difficiles parce qu’ils veulent gagner beaucoup en peu de temps, par exemple comme plongeurs. Ils sont complices du système, ne se soucient guère des syndicats parce qu’ils gagnent bien leur vie. Par appât du gain, certains sont d’accord de travailler sans être déclarés, mais qu’ils ne viennent pas se plaindre ensuite s’ils ne sont pas pris en charge par la sécurité sociale en cas d’accident. Si les travailleurs ont des droits, ils ont aussi des obligations ».

 

Bon nombre d’habitants des Tuamotu n’ont cependant qu’une vague idée de ce qu’est un syndicat et de ce qu’il peut leur apporter. Peu éduqués au départ, ils ne peuvent compter sur les médias polynésiens, de mauvaise qualité et indisponibles sur les îles reculées, pour parfaire leur connaissance de leurs droits. Il faudrait que les syndicats puissent mener des campagnes d’information dans les atolls, y débarquer régulièrement pour maintenir l’attention des travailleurs et montrer qu’on ne les oublie pas, arriver à l’improviste dans les fermes pour découvrir ce qui s’y passe vraiment, … Ce genre d’activités demande des investissements en temps, en argent et en personnel que ne peuvent se permettre les syndicats polynésiens. Une aide financière internationale est indispensable si l’on veut qu’ils puissent pénétrer l’activité perlière.

 

                                                                          Samuel Grumiau

 

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