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« Big Brother is watching you »

(octobre 2009)

Article publié dans le mensuel d'Amnesty-Belgique francophone, Libertés!, d'octobre 2009

 

La maxime du roman « 1984 » de Georges Orwell s’applique parfaitement à la Birmanie, avec une dictature militaire qui ne cesse de rappeler « qui est le maître », y compris sur Internet.  

 

Dans les grandes villes birmanes, il est très fréquent de voir circuler à toute allure des camions de la police ou de l’armée chargés d’hommes en uniforme armés jusqu’aux dents. Ils ne sont généralement pas mobilisés par une intervention. Ils sont là pour rappeler à la population la force du régime, la répression qui s’abattra sur ceux qui oseraient résister. « Ce gouvernement nous ferme les yeux, les oreilles et la bouche. La population birmane est une reproduction vivante de la statue des trois singes, déclare Lu Maw, comédien de la troupe des Frères Moustache (1). Le cas d’Aung San Suu Kyi est bien connu à l’étranger, mais il faut comprendre que chaque Birman se trouve dans une sorte d’assignation à résidence en raison de la peur du régime ».

 

Le développement récent d’internet en Birmanie aurait pu offrir un espace de liberté : des milliers de jeunes Birmans passent du temps chaque semaine dans les cybercafés des grandes villes, mais le SPDC (2) met tout en œuvre pour qu’ils se limitent aux sites qu’il juge « politiquement corrects ». Thin (3), ancien gérant de cybercafé à Rangoon, explique la politique de cyber-répression mise en place : « Ils emploient une centaine de spécialistes d’internet à Yadanabon Cyber City, une « silicon valley » développée par la junte dans la ville de Pyin U Lwin, non loin de Mandalay. Ces employés passent leur temps à surveiller les mouvements des Birmans sur la toile. Ils ont été formés par des experts étrangers, notamment de Russie, qui est une amie du régime. Les internautes ne peuvent jamais savoir à quoi s’en tenir : parfois, ces surveillants les laissent évoluer quelque peu vers de sites sensibles ou interdits, avant d’interrompre subitement leur connexion… ils peuvent retrouver l’internaute grâce à son adresse IP, et celui-ci risque de graves ennuis ». 

 

La plupart des cybercafés affichent des avertissements interdisant de surfer sur les sites à caractère politique ou qui interfèrent avec les « affaires internes de l’Etat ». De nombreux sites étrangers sont censurés (dont ceux des organisations de défense des droits humains). Beaucoup de Birmans sont capables de contourner la censure, mais les risques sont grands, tant pour les cybernautes que pour les gérants des cybercafés. « Comme les cybercafés ne demandent pas l’identité de leurs clients, leurs gérants courent des risques d’être arrêtés si des sites interdits sont visités, souligne Thin. Plusieurs gérants se sont déjà retrouvés sous les verrous pour cette raison.  Les autorités ont aussi demandé à certains cybercafés d’installer un programme qui enregistre une capture d’écran automatique toutes les 30 minutes ».            

                                                                              Samuel Grumiau                                                                                                                                                                                                                                              

(1) Voir http://www.sampress.org/base/frFR/affiche_art/articles-45.html

(2) State Peace dans Development Council, « Conseil d'Etat pour la paix et le développement », nom adopté par le régime militaire birman

(3) Prénom d’emprunt

 

 

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