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Revoilà le choléra

(juin 2000)

Reportage publié dans le Journal du Médecin du 9 juin 2000

 

Ce que l’on craignait s’est produit : une épidémie de choléra s’est développée au Mozambique dans le sillage des inondations. Visite dans un camp où l’on soigne ses victimes.

 

Les  « camps-choléra » ont refait leur apparition au Mozambique. La dernière grosse épidémie date de 1997 mais le choléra est demeuré endémique dans ce pays si bien que lorsque les inondations ont commencer à sévir, au début de cette année, MSF a reçu une demande du gouvernement mozambicain pour l’aider à mettre sur pieds des camps de traitement, en prévention des risques à venir. Bien lui en prit puisque fin avril, on dénombrait déjà 4.000 cas de choléra dans la seule région de Maputo. Les estimations sont plus difficiles à obtenir pour le reste du pays en raison du délabrement du réseau de communications. Etablir des statistiques fiables est d’autant plus ardu que le ministère de la Santé se refuse à parler jusqu’ici d’épidémie de choléra, préférant utiliser un euphémisme comme « syndrome diarrhéique aigu avec déshydratation sévère » ! L’épidémie de 1997-98 avait en effet provoqué la panique dans les pays qui importent les produits de mer du Mozambique, notamment la crevette. Craignant la contagion, ces pays avaient suspendu tout achat, ce qui avait causé un tort considérable à l’économie mozambicaine. Cette expérience incite le gouvernement mozambicain à ne plus prononcer ouvertement le mot « épidémie », même si c’est de cela dont il s’agit en réalité.

 

Les quatre « camps-choléra » créés dans la capitale et une ville voisine, Matola, ont étés pris d’assaut depuis le début de l’épidémie. Situés non loin d’un hôpital, mais à suffisamment bonne distance pour éviter toute contagion, ils sont entourés d’une palissade en toile et il faut montrer patte blanche pour avoir l’autorisation d’y pénétrer. En principe, seuls les malades et le personnel médical y sont admis. Les proches des victimes attendent de leurs nouvelles à quelques dizaines de mètres de l’entrée, à l’exception des parents d’enfants malades qui sont autorisés à les accompagner. A l’intérieur, les patients sont alités sous de grandes tentes. Pour accéder à la parcelle de terrain où elles sont plantées, les arrivants doivent passer sur une planche plongée dans une solution chlorée. « L’endroit où se trouvent les malades fonctionne un peu à la façon d’un bloc opératoire, explique Anne Raimbault, infirmière de MSF dans un camp-choléra de Maputo : tout ce qui y rentre ou en sort doit être désinfecté. Même les déchets produits par l’activité du camp sont brûlés dans son enceinte, un peu à l’écart des tentes, puis recouverts d’une chape de béton afin d’éviter que quelqu’un ne se blesse plus tard, par exemple avec les aiguilles ».  

 

                                               Boire la « mixtura »

 

Les malades du choléra sont installés dans des lits percés afin de pouvoir se soulager en cas de besoin pressant. Les plus gravement atteints sont alimentés par baxter. Ils affrontent courageusement les conséquences de leur maladie sous l’œil vigilant d’infirmières mozambicaines et de quelques volontaires de MSF venus en renfort. Le personnel soignant a toutes les peines du monde à faire comprendre aux patients que leur guérison passe par le fait de boire un maximum de « mixtura », ce mélange d’eau salée, sucrée et de potassium qui doit leur permettre de lutter contre la déshydratation. Elle se trouve dans de grands bidons placés à l’entrée de chaque tente. « Ce sont les hommes que nous avons le plus de mal à convaincre de boire la « mixtura », témoigne une infirmière. Ils seraient sans doute plus contents si on leur donnait de la bière ! »

 

Bien soigné, le choléra n’est fatal qu’à 1 ou 2% des malades. Tout dépend, bien entendu, de la rapidité avec laquelle il est amené en zone de traitement et de sa résistance naturelle. Un médecin se trouve en permanence dans le camp, où la durée moyenne de séjour ne dépasse pas les quatre jours. « Soigner le choléra est très motivant pour le personnel médical, affirme Anne Raimbault : vous voyez un patient arriver dans un état lamentable et, quelques jours plus tard, il quitte le camp sur ses deux jambes. Nous voyons directement l’effet de notre action ».

 

                                                                    Samuel Grumiau

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