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Revivre ensemble

(octobre 2008)

Reportage publié dans le numéro d’octobre 2008 de « Libertés ! », le mensuel d’Amnesty International en Belgique francophone

 

 

Si un règlement pacifique est trouvé à ce conflit, sera-t-il possible pour les deux grandes communautés de cohabiter sans trop de heurts ? « Je n’ai aucun doute à ce sujet, affirme le Dr Jehan Perera, directeur du Conseil national de la paix du Sri Lanka (1). Regardez la période précédant le cessez-le-feu de 2002-2004 : il y avait déjà le même genre de guerre et, comme maintenant, les gens étaient soupçonneux et amers vis-à-vis les uns des autres. Dès que les combats se sont arrêtés, les gens du Sud ont commencé à voyager dans le Nord sans problème, sans peur, alors qu’ils n’y étaient plus allés depuis 10 ou 20 ans. Le tourisme interne a explosé. Je suis allé à Jaffna peu après le cessez-le-feu, et  je me sentais en sécurité au sein de cette population tamoule alors que je suis Cinghalais, que j’appartiens au même groupe ethnique que les militaires sri lankais ».

 

M. Sarvananthan, chercheur tamoul, estime lui aussi qu’une cohabitation entre les deux communautés est possible. « Beaucoup de Tamouls pensent que les LTTE sont dépassés. Ils exigent encore un Etat séparé, alors que les Tamouls ordinaires seront satisfaits avec un niveau raisonnable d’autonomie, une fédération comme en Belgique ou en Inde. Dans ce contexte de plus en plus mondialisé, la séparation est hors de question. Rien ne se passe ici sans le soutien de la puissance régionale, l’Inde, qui est contre une division du pays ».

 

On semble toutefois très loin d’un accord politique. Le Dr Jehan Perera identifie au moins deux raisons à cette situation. « Il y a la façon cinghalaise de voir les choses, selon laquelle le Sri Lanka est un pays cinghalais car ils y sont majoritaires, car ils y sont venus les premiers, car ils sont bouddhistes … Les Cinghalais refusent d’accorder l’autogestion d’une partie de l’île à un non-Cinghalais, et tout particulièrement à un Tamoul car il reste une certaine peur historique des Tamouls qui sont majoritaires dans la sous-région qui inclut l’Inde. Le deuxième obstacle est politique : à plusieurs reprises, des dirigeants de gouvernement ont offert aux Tamouls une forme d’autonomie, mais les partis politiques rivaux s’y sont toujours opposés… et quand ils arrivent au gouvernement et trouvent à leur tour un accord d’autonomie avec les Tamouls, ce sont les dirigeants de l’ancien gouvernement qui protestent ! Pour nos dirigeants, les problèmes ethniques sont une façon de revenir au pouvoir lorsqu’ils ont perdu aux élections ».

 

                                                               Samuel Grumiau

 

 (1) ONG de promotion d’une solution pacifique au conflit, http://www.peace-srilanka.org/

 

 

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