Le travail de nuit augmenterait-il le risque de cancer du sein ?

(mars 2001)

Article publié dans le Journal du médecin du 6 mars 2001

Selon une étude statistique danoise, les femmes travaillant la nuit auraient 50% de risques en plus de développer un cancer du sein. La méthodologie utilisée dans la réalisation de cette étude amène toutefois à considérer ce résultat avec prudence (1).

On savait déjà que l’obésité, la consommation élevée d’alcool ou encore un premier enfant après l’âge de 30 ans augmentaient le risque de contracter un cancer du sein. Le travail de nuit va-t-il s’ajouter à cette liste non-exhaustive ? Une étude comparant au Danemark 7.035 femmes âgées de 30 à 54 ans ayant développé un cancer du sein à 7.035 autres du même âge qui ne l’ont pas eu, amène à se pencher sur la question. Le chercheur, Johnni Hasen de la Société danoise contre le cancer, a considéré ces personnes comme travaillant principalement en nocturne si elles ont été actives pendant au moins 6 mois dans une entreprise où plus de 60% des travailleurs de sexe féminin sont employées la nuit. Après avoir tenu compte des autres facteurs de risque susmentionnés, Hansen arrive à la conclusion que les chances d’avoir un cancer du sein étaient 50% plus élevées chez les travailleuses nocturnes par rapport à leurs collègues du jour, et même 70% dans le cas des femmes qui ont travaillé plus de six ans la nuit.

Des recherches plus détaillées devront être menées avant de pouvoir affirmer avec certitude que le travail de nuit est un facteur de risque dans le développement du cancer du sein. Le lien entre les deux ne semble en effet pas très évident à première vue, mais Hansen avance une hypothèse intéressante : le travail de nuit altère le rythme du sommeil et l’exposition à la lumière naturelle, ce qui peut influencer le niveau de l’hormone mélatonine. Secrétée principalement en fin de soirée en anticipation du sommeil, la mélatonine joue aussi un rôle sur le niveau de l’œstrogène, une hormone dont des quantités excessives sont considérées comme associées au cancer du sein. Le chercheur danois explique par ailleurs que d’autres aspects de la vie sociale de la travailleuse de nuit, telle la consommation parfois plus élevée d’alcool, peuvent accroître le risque.

                                                                              Samuel Grumiau                                                                                                                        

(1)     Source : article publié sur le site www.circadian.com