Le pays du travail forcé
(octobre 2009)
(Reportage publié dans Libertés !, mensuel d’Amnesty-Belgique francophone, d’octobre 2009)
Ce recours massif au travail forcé a valu bien des critiques internationales au régime militaire, dont plusieurs condamnations par le BIT (Bureau international du travail). En 2007, la junte a fini par accepter de conclure avec le BIT un protocole d’entente pour offrir aux victimes de travail forcé un mécanisme leur permettant de demander réparation. Les victimes peuvent adresser leurs plaintes au BIT-Rangoon, qui tente ensuite d’enquêter sur le terrain et d’obtenir des coupables une compensation, une réparation, des excuses (1). Concrètement, le manque de coopération des autorités birmanes n’a pas encore permis à ce mécanisme d’être très efficace, mais il a le mérite de mettre une certaine pression sur les généraux. La junte a arrêté plusieurs personnes qui ont déposé plainte au BIT, ou des militants qui ont aidé des victimes à formuler leurs plaintes, et les ont condamnés à des peines de prison sous de faux prétextes (2).
La présence de touristes peut parfois limiter le recours au travail forcé dans une région (3), mais il est alors remplacé et/ou complété par des extorsions d’argent ou des confiscations de terres, toujours au bénéfice de l’armée ou des autorités locales. « Je n’oublierai jamais le jour où les autorités de mon village ont réuni tous les habitants pour nous annoncer que nos terres étaient réquisitionnées pour en faire des zones industrielles, explique un paysan originaire de la région de Mandalay. Elles ont promis de payer des compensations pour 50% des terres mais ma famille n’en a reçu que pour deux des six acres que nous exploitions. Personne n’a osé protester, par crainte des répressions qui s’abattent sur tous ceux qui contestent les décisions des autorités. Des usines sont venues s’installer sur le zoning, mais aucun travailleur de mon village n’a pu y trouver de l’embauche car elles cherchaient des ouvriers qualifiés. J’ai fini par partir en Thaïlande pour trouver un emploi ».
« La mentalité du régime ne change pas »
Le recours massif par les autorités locales au travail forcé, aux confiscations de terres et à l’extorsion d’argent font de
Le travail forcé a tendance à augmenter dans certains Etats. Dans le nord de l’Arakan par exemple, un rapport du groupe de défense des droits humains « Arakan Project » (4) montre que de plus en plus de Rohingyas, une population musulmane particulièrement réprimée par le régime, ont été réquisitionnés depuis novembre 2008. Selon ce rapport, l’aggravation du travail forcé est la conséquence directe de la construction d’une barrière en barbelés le long de la frontière du Bangladesh (apparemment pour empêcher les Rohingyas de quitter le nord de l’Arakan) et de développements militaires liés à des tensions entre le Bangladesh et
Samuel Grumiau
(1) Voir le site du BIT-Rangon pour plus de détails sur ce mécanisme : http://www.ilo.org/public/english/region/asro/yangon/
(2) Beaucoup d’infrastructures touristiques ou développées pour faciliter l’arrivée des touristes l’ont cependant été en recourant au travail forcé.
(3) Voir le rapport annuel des violations des droits syndicaux de
(4) The Arakan Project, « Large Increase in Forced Labour Along the Bangladesh-Burma Boarder » ; Rapport n°16 soumis à
Le rêve dominicain des Haïtiens vire souvent au cauchemar
Des dizaines de milliers d’Haïtiens fuient chaque année la pauvreté pour tenter leur chance dans le pays voisin, la République dominicaine. Dépourvus de documents de voyage, la plupart contactent des passeurs supposés les aider à traverser clandestinement la frontière. Du « simple » bakchich au viol en passant par les coups de machette et d’autres abus, les rêves d’eldorado peuvent virer au cauchemar.
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« Le plus important pour eux est d’instaurer la peur chez les citoyens »
La répression des activités syndicales est de plus en plus grave au Swaziland. Arrestations arbitraires, menaces, passages à tabac se succèdent pour réduire au silence les militants. Barnes Dlamini, président de la fédération syndicale SFTU (Swaziland Federation of Trade Union), a été arrêté à plusieurs reprises en 2011. Il fait le point sur cette situation.
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