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Géorgie 2008

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> 03/2008

(Attention... Les lignes qui suivent ne sont que des "élucubrations", quelques paragraphes tapés à la va-vite, sans la moindre préoccupation de style, de grammaire, d'orthographe, d'objectivité ou de rigueur journalistique. Parfois défouloirs pour ce que l'on ne peut écrire dans les articles ou rapports, parfois coups de gueule, grosses déconnades ou autodérision de bourlingueur, parfois autre chose encore, elles ne reflètent pas nécessairement mes opinions non plus...)    

 

Géorgie, Train Batumi-Tbilissi, 9 mars 2008

 

Hé ben, pour une surprise, c’en est une. Je n’avais pas eu le temps de lire grand-chose sur la Géorgie avant de partir, mais pour un pays situé entre l’est de la Turquie, le nord de l’Iran et le sud de la Russie, avec un voisin aux consonances aussi exotiques que l’Azerbaïdjan, la Géorgie semble une terre occidentale perdue au milieu de tout ça. Mentalité, nourriture, religion orthodoxe, habillements, tout ici respire l’Europe centrale, voire occidentale. Les habitants sont d’ailleurs bien désolés d’avoir aussi peu de chances de rentrer un jour dans l’Union européenne. Ils ne sont pas peu fiers d’avoir réussi à préserver leur culture dans ce Caucase que j’avais quand même imaginé plus perturbant au niveau des repères.

 

Tbilissi, c’est bien joli, c’est même une superbe ville, avec tout un tas de vieilles et nouvelles églises illuminées la nuit, une forteresse qui domine la ville, un fleuve bordé par endroits de falaises au sommet desquelles ils ont été construire de chouettes logements, une vieille ville remplie de petites rues toutes plus sympas les unes que les autres, du fer forgé aux balcons, un métro, des petits restos en tous genres … Pour ce que j’ai vu du reste du pays, ce sont des montagnes, des collines, et il y a la mer noire à l’ouest, avec des stations balnéaires. Bref, quand je disais avant de partir il y a une semaine que ce n’était pas un cadeau de la CSI (Confédération syndicale internationale, ce qui a suivi après la fin de la CISL) de m’avoir envoyé dans le Caucase alors que l’hiver n’est pas fini, je disais une connerie, surtout que finalement il fait 15-20 degrés en journée, en général on peut se promener sans veste. Il y a encore plein de belles tâches de neige sur les montagnes, mais elles disparaissent et bientôt ne resteront que leurs neiges éternelles tout en haut des sommets. 

 

Le plus chouette truc ici, c’est quand même la population. On a un petit problème pour trouver une langue commune, mais ils sont vraiment hyper sympas et accueillants, je me demande si ce n’est même pas encore mieux que les Albanais, que j’avais trouvés champions européens en matière de gentillesses et d’accueil. Un peu beaucoup nationalistes en ce qui concerne les Géorgiens, mais bon, ça se comprend, ils ont quand même eu dans l’histoire de gros ennuis avec leurs voisins, et actuellement ils en ont un très sérieux avec leur puissant voisin russe. Je ne vais pas dire que j’ai tout compris en quelques jours, loin de là, faut être spécialiste du Caucase pour s’y retrouver dans leurs ennuis et leur histoire, mais en gros, avec la Russie, il y a au moins deux stûûts. Le premier, c’est que les Géorgiens ont élu deux fois un président archi pro-occidental (ça rappelle l’Ukraine y a quelques années), il s’appelle Saakashvili, il ne veut pas rompre les ponts avec Moscou mais veut quand même ancrer fortement la Géorgie du côté de l’OTAN, de l’Union européenne, etc. Il est par ailleurs un néolibéral extrême, adepte du capitalisme sauvage (sans règles), mais ce n’est pas ça qui tracasse les politiciens russes, c’est leur perte d’influence.

 

L’autre grande discorde, ce sont l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie, deux régions séparatistes de la Géorgie, et même de facto indépendante en ce qui concerne l’Abkhazie. Là ça rappelle le Kosovo par rapport à la Serbie, mais il y a aussi de grosses différences. Moscou soutient bien l’Abkhazie, il délivre même des passeports russes à ses habitants, et les « Géorgiens géorgiens » ont des ennuis dans ce coin-là, des dizaines de milliers d’entre eux ont dû quitter l’Abkhazie pour aller habiter ailleurs en Géorgie. La semaine passée, un journaliste géorgien a été arrêté parce qu’il y faisait des reportages, avant d’être libéré quelques jours plus tard. En Ossétie du Sud, il semble que ce soit un peu moins grave, mais bon, avec l’Ossétie du nord juste au-dessus, qui elle fait partie de la Russie, il semble y avoir une grosse tendance là aussi à vouloir se séparer de la Géorgie.

 

Moscou fait de son mieux pour emmerder au max la Géorgie, et y parvient très bien. Il impose un blocus sur les principales exportations géorgiennes (noisettes, vin, citron, …) , ce qui met la Géorgie dans le pétrin vu sa position géographique. Il coupe l’électricité et le gaz au milieu de l’hiver. Il augmente souvent le prix à payer pour le gaz (au Dieu Gazprom), il expulse des migrants Géorgiens en situation administrative irrégulière, il coupe les liaisons aériennes avec la Géorgie, etc. Bref, les Russes ne sont pas en odeur de sainteté par ici. On ne voit d’ailleurs plus grand-chose écrit en cyrillique : c’est soit en écriture géorgienne (tout en ronds, unique au monde disent-ils), soit en écriture latine, ça m’arrange bien.

 

Bon, il reste quand même des vestiges de l’image que l’on avait de l’URSS. Comme les Ladas. Increvables, ces machines-là. On voit de plus en plus de nouvelles voitures, mais les bonne vieilles ladas continuent à courir d’un coin  l’autre du pays, rouillées jusqu’à l’os… mais toujours vaillantes. Je ne peux m’empêcher de les trouver sympas, et même assez belles, en tous cas pittoresques. Elles ne gagneront peut-être pas le prix de l’écologie au niveau de la consommation, mais au mois, il ne faut pas les jeter tous les dix ans comme beaucoup de voitures de chez nous.

 

Une sale blague que les Russes pourraient faire aux Géorgiens, c’est de se débrouiller pour faire croire que leurs khachapuris contiennent une substance toxique. Les khachapuris, ce sont des pains-fromages, du pain mélangé à du fromage, que les Géorgiens mangent tout le temps. Par exemple, présentement, je suis dans un train qui me ramène de Batumi à Tbilissi, et ben crac dedans, à chaque stop dans une gare, on entend les marchandes crier ce mot magique partout, khachapuris, khachapuris, et ça marche, beaucoup de passagers se lèvent et vont acheter ça. C’est ça que l’on mange à midi à la va-vite, ou dans un stop en bord de route, avant d’aller au cinéma, etc. Et quand ce n’est pas un khachapuri, c’est un grand repas, c’est fou ce que le Géorgien moyen peut avaler comme nourriture. Ceci dit, même sur des tables gargantuesque comme je n’en avais vues qu’en Moldavie, il y a encore des khachapuris qui traînent, sinon ça n’irait pas. Ceci dit, j’en ai mangé pas mal, c’est bon, ces machins-là. Dire qu’on me charrie tout le temps en disant que je ne mange que du bolo, alors que je ne commande ce cadeau des dieux de la gastronomie qu’une fois au deux par semaine. Qu’est-ce qu’on devrait dire des khachapuris des Géorgiens alors…

 

A part ça, ça fume. Pas tellement les khachapuris, qui sont servis tièdes, mais la population. Ils fument vraiment beaucoup. Point de vue alcool, ça va, c’est pas la cata comme je le trouvais en Ukraine et comme ça l’ait paraît-il en Russie. Ils ont du vin, paraît que c’est du bon, mais les Russes ne peuvent plus en importer, le gouvernement russe a dit que ça ne répondait plus aux normes d’hygiène de la Russie, ce qui est certainement une méga carabistouille du tsar Vladimir. Ils ont aussi d’autres alcools, mais on ne voit pas tellement pas gens « alcoolisés » ici. Ils boivent pour le fun, en mangeant, mais normalement. Ca ne les empêche pas de conduire comme des fous, mais dans leur cas, ça n’a rien à voir avec l’alcool, c’est juste « comme ça », ils ont du mal à capter qu’un accélérateur ne doit pas être écrasé pour faire avancer une voiture…

 

Quand même, pour parler encore un peu des ces machins alcoolisés, hier soir, je me suis retrouvé dans la soirée chiante du séjour, la seule. Depuis mon arrivée ici, ça a été génial, j’ai un super soutien du syndicat géorgien, on a mangé parfois ensemble, ils ont vraiment des monstres de pratiques antisyndicales à dénoncer, bref je ramasse de bonnes infos, et le soir j’essaie de remettre de l’ordre dans mes notes. Mais hier soir, c’était la dernière soirée à Batumi, sur la mer noire. J’y étais allé pour des interviews, mais il y avait là aussi les dirigeants du syndicat national. Bref, un vieux syndicaliste local nous a invités à souper dans son bar favori. Là, le piège s’est refermé :  la soirée toast. J’avais déjà subi ça en Moldavie, un peu moins en Ukraine, ici je suis tombé dedans naïvement, et une fois que tu y es, vas-y te débiner sans les offenser. Ce que j’appelle une soirée toast, et qu’ils appellent un « souper », c’est : une dizaine de personnes autour d’une table, la table remplie de nourritures, de boissons… et la quasi-interdiction culturelle de papoter calmement avec son voisin de table. C’est un moment important dans leur culture. Il faut au contraire écouter un nombre incalculable de toast portés à des choses les plus diverses : aux invités étrangers, aux femmes, à la solidarité, à l’amour, à la Géorgie, aux familles, à Sam, … les gens portent un toast à tour de rôle, celui qui le fait se lève et y va de son discours, qui peut durer plusieurs minutes, puis il faut faire cling-cling entre les verres. Pour certains toasts, considérées comme les plus importants par le maître-toast du soir (c’est pas une blague, y a un maître toast désigné, un toaster expérimenté), il faut que tous les convives se lèvent, comme à la messe. Hier soir, sur les 2h45 de « repas », il y a eu au moins 25 toasts. J’étais assis à côté d’un syndicaliste américain sympa qui parle le russe (les Géorgiens acceptent de parler le russe quand il le faut), il a dû aller jusqu’à citer des conventions internationales pour défendre le fait que j’avais choisi librement d’avoir de l’eau dans mon verre. Enfin voilà, quand ils viendront chez moi, je leur ferai ce coup-là : on se lève toutes les deux minutes pour écouter l’évolution du score d’Anderlecht, et on se tamponnera les sandwiches au kiri et les chocolats à l’issue de cette écoute, avant de recommencer cinq minutes plus tard. Les toasts seront portés en flamand et en chtimi, pour être bien sûr que les Géorgiens n’y comprennent rien, comme moi hier soir quand l’ami américain ne traduisait pas. Nomdidjou, va…

 

Bref, rien n’est parfait, ça se saurait. Cette « mauvaise » expérience d’hier soir ne m’empêche pas de penser tout le bien de la Géorgie et de ses habitants, et si ça ne tenait qu’à moi, je leur proposerais un « copier/coller » pour les amener un peu plus près de l’Europe occidentale à laquelle ils tiennent tant… Le secrétaire général du syndicat, un géant hyper sympa, me rappelait hier que le type humain « blanc » (type, vu que les races n’existent pas chez les humains), s’appelle le type caucasien. Bref, beaucoup d’Européens sont des Caucasiens. 

 

Tiens, une anecdote. En dehors des villes, les vachettes (mini-vaches, plus petites que les Belges, et de couleur brune en général) se baladent librement la journée. On les voit dans les villages, dans les campagnes, sur le bord des routes, dans les parcs, traverser la route quand tu arrives en voiture … Animal placide, pacifique et sympathique s’il en est, je me demandais si ces vachettes « appartenaient » à quelqu’un. D’après ma traductrice, oui, elles dorment chez leur propriétaire, mais la journée elles vont et viennent, elles vont là où elles savent qu’il y a de la bonne verdure à manger, de l’eau à boire, des restes de khachapuris, etc., elles connaissent leur chemin, puis rentrent seules le soir. A la maison, le propriétaire les trait pour le lait, on en fait du beurre, du fromage (utile pour les « ce que vous savez »), bref tout le monde y trouve son compte, sauf la vachette le jour où elle termine en steak. Je me souviens avoir vu le même genre de vachette en ballade en Albanie et en Moldavie, je ne sais pas si c’était sous le même type de convention collective « win-win » dans la façon de gérer la vie commune avec les humains.

 

Enfin voilà… je remonte bientôt dans l’avion, dommage, je serais bien resté deux-trois semaines de plus. Il y a un problème à ce niveau : la quasi-totalité des vols venant d’Europe occidentale arrive entre 4h et 5h30 du matin, et les vols repartent un peu après. Comme en hiver, il y a 3 heures de décalage horaire entre Bruxelles et Tbilissi, il n’y a quasi pas moyen de faire le voyage sans passez une nuit blanche. A l’arrivée, mardi passé, le syndicat GTUC avait comme d’habitude bien fait les choses : malgré qu’il était 4h du matin, il avait délégué un chauffeur, une jolie employée de son département international et sa sœur médecin pour m’accueillir. Bon, j’ai beau être dans une phase où je ne suis plus trop tracassé par les histoires de nanas, et, encore moins si loin, ça fait quand même plaisir d’avoir ce genre de comité de réception J La sœur médecin était venue car l’employée avait du mal en anglais, m’enfin c’est gentil.

 

Tous les jours qui ont suivi, c’est le chauffeur qui était venu à l’aéroport qui était chargé de me véhiculer vers les différents points de rendez-vous (n’ai jamais été autant aidé par un affilié de la CSI). Raaaa, la bonne bouille de ce chauffeur, je le verrais bien dans un film, avec sa moustache, son teint foncé, son nez de boxeur, et son sourire permanent. Il vient d’Azerbaïdjan, le pays proche. A chaque fois que c’est possible, on essaie d’échanger quelques mots… c’est à ce moment qu’on se dit qu’il n’aurait pas fallu être fatigué après avoir appris l’anglais et surtout le néerlandais, et que j’aurais dû apprendre aussi un peu de russe. Les 9-10 mots de jargon slave que je connais « comme ça », les quelques mots internationaux (football, belgia, good, ….), et quelques gestes, ça suffit pour montrer qu’on s’apprécie, qu’on aimerait bien parler plus, et au fond c’est le plus important. J’espère que ce sera encore lui pour le retour à l’aéroport.

 

Géorgie, Tbilissi, 10 mars, le soir  

 

Coup de bol, j’ai eu fini mes interviews à 16h, et ai donc pu avoir encore un peu de temps pour marcher dans cette superbe ville. Le soir ne tombe qu’à 19h30. Je ne me souviens pas d’avoir vu une aussi belle ville du côté de l’ex-bloc soviétique. Jusqu’ici j’avais trouvé que Kiev était la plus jolie ville de celles que j’avais visitées, mais Kiev vaut surtout pour un centre-ville dont on a quand même assez vite fait le tour. Ici, on pourrait bien passer une semaine à visiter tant il y a de choses à voir. Si un jour ils ont des connexions aériennes normales, il y a moyen de faire de Tbilissi une destination de city-trips. Faudrait juste quand même qu’ils débaptisent la grande avenue qui amène de l’aéroport vers Tbilissi, qu’ils ont appelée avenue George Bush. Bon, peut les comprendre après tant d’années sous le joug russe, mais faut pas trop en faire non plus, y avait quand même de bons présidents américains à citer, c’est con d’être allé choisir celui-là. Les Kosovars au moins, ils avaient pris Bill Clinton pour leur grande avenue, quand même plus sympa.  

 

En flânant en rue ce soir, je suis passé par un quartier où revenait sans cesse le mot de métèque, meteco… C’était le nom de restos, d’hôtels, de rues, ou en tout cas d’hôtels, de rues, ou en tout cas d’un hôtel, d’une rue, d’un resto. Superbe quartier, avec des rues en pente, de beaux bâtiments anciens restaurés, tout à l’image de cette superbe ville. La très belle chanson de Georges Moustaki m’est entrée dans la tête, avec ses vers dans lesquels je me retrouve un peu. A défaut d’être Juif errant, j’erre avec un prénom juif… A défaut de cheveux aux quatre vents, j’ai la coiffure pétard… J’ai aussi une peau qui s’est frottée aux soleils de pas mal d’étés et à un certain nombre de jupons… De là à dire que j’ai un cœur qui a su faire souffrir autant qu’il a souffert sans pour cela faire d’histoires, ça, on verra quand je serai plus vieux, mais il me semble quand même que j’ai eu tendance à faire des histoires quand il a souffert, et il a souffert de faire souffrir. Bon, j’arrête là avec mon histoire de métèque, ça se complique.  

 

En flânant dans ce quartier métèque, je me suis trouvé attiré par une église très belle et plus illuminée que les autres. J’y suis rentré, et coup de bol il y avait de l’ambiance, c’était la messe, avec des chants envoûtants. Bon, moi et les messes orthodoxes, ça fait vite deux, j’aime bien leur folklore religieux mais leurs messes durent super longtemps et on est debout. Les orthodoxes sont souvent très pieux je trouve, en tous cas ils embrassent souvent des vitres derrière lesquelles il y a des trucs religieux, et on les voit aussi prier debout devant un mur dans l’église (style juifs devant le mure des lamentations), faire avec effervescence des signes de croix dans un autre sens que celui des catholiques. Toujours debout, toujours debout…. vite dit, ça : à un moment, ce soir, le chef a dû donner un signal, et hop, tout le monde à genoux, avec signes de croix encore plus fervents ! Je me retrouve presque tout seul debout, me voyant mal me mettre à genoux comme ça sans raison. Je suis plutôt du genre à tutoyer l’au-delà potentiel et à manger une frite avec lui, pas à me mettre à genoux devant. Suis en quelque sorte un croyant « de gauche », on ne se refait pas.  

 

Tout le monde a fini par se relever… mais pour former vite vite une haie d’honneur partant de la scène (l’autel) vers la sortie. Tout le monde semblait vouloir faire partie de cette haie, et je me demandais qui allait débarquer (Ma(ra ?)donna ? Bill Gates ? Paris Hilton ?)… vite vite, je vais au bout de la haie, dehors, voir si je peux distinguer la star qui va sûrement arriver. Etonnement : c’est un prêtre portant une valise qui passe, et les gens ne s’en soucient guère. Valise, donc hôtel, donc voir arriver Paris Hilton titubante de près ? Non, pas de sale blague : un peu plus tard, c’est un petit monsieur très barbu et habillé en robe de prêtre qui se fraie petit à petit un chemin dans la foule amassée sur ces deux rangées, il est suivi par d’autres prêtres.

 

En fait, l’espoir de tous ces gens, c’est de lui toucher la main, de se faire vite bénir par lui. Je comprends que lui, en fait, c’est le patriarche de l’église orthodoxe géorgienne, bref le big boss, l’équivalent de Benoît 16 chez les catholiques (les Géorgiens ont leur propre ordre religieux). Il a une bonne tête celui-ci, et les prêtres qui le suivent encore plus. Quel bonheur chez ces gens qui l’approchent, ils en pleurent de joie, c’est un moment magique et émotionnant de voir à quel point approcher ce monsieur les rend heureux. Il flotte dans l’air quelque chose que les athées ne captent pas, et qui me fait chaud au cœur, ça me rappelle la chanson « L’homme en blanc » de Pierre Bachelet, je filme comme je peux avec mon petit appareil digital. C’est pratique d’avoir son pape-pope-patriarche-big bonze-grand manitou national, il est plus proche de ses gens ainsi qu’en étant « big boss » d’une religion planétaire. Le patriarche atteint finalement le bout de la file, et des voitures escortées l’attendent, le voilà parti.

 

J’ai passé encore un peu de temps sans cette église à essayer de trouver quelqu’un parlant l’anglais, finalement j’en ai trouvé un qui se débrouillait, c’est ainsi que j’ai eu la conformation du nom de l’église et du fait que c’était bien le grand patriarche qui venait de passer. Etonnant aussi de voire, à la fin de cette messe, deux dames assez âgées s’évertuer à gratter le sol de l’église à l’aide de barres de métal. En fait, elles enlèvent de cette façon les cires de bougie. Dans les églises orthodoxes, presque tout le monde achète des mini-bougies à faire brûler devant telle ou telle icône, et forcément ça laisse des traces de cire.    

 

J’aurais bien encore expliqué qu’avec des salaires de 50-100 euros par mois, les Géorgiens ne s’en sortent vraiment pas vu le coût de la vie qui s’envole (50% de hausse l’an dernier rien que pour le gaz de Gazprom), mais je ne vais pas commencer à écrire ici mes articles, ce sera pour la CSI. Et puis, avec le patriarche, ça me faisait une histoire sympa à raconter à la fin J.




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