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Des viols regardés par des milliers d’internautes

(novembre 2002)

Reportage intégré dans un dossier consacré à la pédopornographie publié dans Le Journal du médecin du 22 novembre 2002 (1)

 

 

Une photo d’abus sexuel commis sur un enfant et publiée sur Internet arrive sur les ordinateurs d’un nombre incalculable de pédophiles aux quatre coins du monde, et ne sera probablement jamais effacée du réseau. Le traumatisme des victimes en est d’autant plus grand.  

 

Même lorsqu’il a été possible d’identifier la victime, il est souvent très difficile d’aider l’enfant à surmonter son traumatisme s’il apprend ou pense que les images et vidéos où il est abusé sont  placées sur Internet. Le fait que la photo ou vidéo soit présente pour toujours sur ce réseau et qu’à chaque minute, aux quatre coins du monde, quelqu’un est peut-être en train de le voir nu, rend difficile le travail des psychologues, qui ne peuvent jouer sur le fait que l’abus a été commis dans un passé peut-être lointain. Le doute torture le quotidien des victimes : leurs copains de classe, leur voisin, leur professeur, un membre de leur famille n’auraient-il pas vu la ou les photos eux aussi ? Comment le savoir ? Cette torture mentale sera sans doute moins importante sur le très long terme si la photo ou vidéo a été faite lorsque la victime était très jeune, car elle peut toujours espérer qu’en grandissant, on ne risque plus de la reconnaître vu que son corps aura changé. Mais le viol, lui, a bel et bien été commis, et il n’est pas un secret pour des dizaines de milliers d’internautes qui se masturbent en le regardant. Pour les victimes, il est extrêmement difficile de vivre avec cette pensée car ils ne peuvent même pas se dire : « c’est du passé ».        

 

Les internautes qui, derrière leur écran d’ordinateur, prennent plaisir à regarder ce genre de scène sont-ils conscients du tort qu’ils causent aux enfants ? On pourrait penser que oui, mais à lire ce qu’ils écrivent dans les chats et groupes de discussion, il semble que c’est le contraire, ils ont plutôt tendance à se convaincre l’un l’autre du « bonheur » qu’ont ces enfants d’avoir découvert si jeunes la sexualité ! En commentant des images et vidéos où des enfants de 7 ou 8 ans (voire plus jeunes encore) sont pénétrés sexuellement, il est fréquent de voir les pédophiles se réjouir du sourire qu’ils voient ou croient voir sur les visages des victimes. S’il leur venait un jour à l’esprit que ce sourire est peut-être un sourire forcé par l’abuseur, ils se laisseront rapidement convaincre du contraire par d’autres internautes pédophiles, qui se font parfois passer dans les « chats » pour de jeunes enfants qui demanderaient ce genre de choses. Même pour les scènes les plus ignobles (sado-masochisme, zoophilie, etc.), il se trouve de trop nombreux pédophiles pour penser que l’on répond là au désir de l’enfant ! L’internaute pédophile reproduit ainsi, derrière son écran, les mêmes raisonnements idiots que ceux de bon nombre d’ abuseurs qui passent à l’acte, et qui disent par après que leur victime les a « provoqués » !     

 

L’expérience des psychologues dans l’accompagnement d’enfants qui ont subi des abus sexuels publiés sur Internet est encore limitée vu le petit nombre de victimes retrouvées, mais quelques tendances se dégagent déjà. « Je suis certain que la présence d’une caméra ou d’un photographe rend l’abus encore plus traumatisant pour la victime, souligne Lars Lööf, psychologue pour l’ONG suédoise « Save the Children ». Parfois, dans les films pédophiles, il existe aussi un script, avec des détails sur les choses que les victimes devront faire, et elles oseront donc encore moins se rebeller. Cette caméra ou cet appareil photo renforce la position de l’abuseur au détriment de la victime ».

 

Il est sans doute très difficile de convaincre le pédophile profond du traumatisme énorme qu’il inflige aux enfants en s’amusant de le voir abusé sur le net. Les autres, tous ceux qui surfent sur les sites pédopornographiques par curiosité malsaine, par défi de l’interdit ou parce qu’ils sont un peu attirés sexuellement par les contenus, doivent être sensibilisés d’urgence. Plusieurs campagnes d’ONG (Child Focus, Ecpat, etc.) s’y emploient.

 

                                                                            Samuel Grumiau

 

(1) Autres articles de ce dossier :

 

- http://www.sampress.org/base/frFR/affiche_art/articles-113.html

 

- http://www.sampress.org/base/frFR/affiche_art/articles-114.html

 

- http://www.sampress.org/base/frFR/affiche_art/articles-116.html

 

- http://www.sampress.org/base/frFR/affiche_art/articles-117.html

 

- http://www.sampress.org/base/frFR/affiche_art/articles-118.html

 

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