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Un combat inégal pour la cyberpolice ?

(novembre 2002)

Reportage intégré dans un dossier consacré à la pédopornographie publié dans Le Journal du médecin du 22 novembre 2002 (1)

 

Les services de police s’organisent pour contrer la hausse vertigineuse de la pédopornographie sur le net. Les failles sont encore nombreuses et les moyens dérisoires dans la plupart des pays, mais quelques arrestations de « cyberpédophiles » ont eu lieu.     

 

Installé chez lui devant son écran d’ordinateur, l’internaute peut avoir l’impression qu’il va surfer sur le net de façon complètement anonyme. Chaque utilisateur qui se relie à Internet est pourtant identifié par une adresse IP (« Internet Protocol »), qui change à chaque connexion, et se compose d’une série de chiffres. Les fournisseurs d’accès connaissent le nom et l’adresse des surfeurs qui se trouvent derrière ces adresses IP. Or, en Belgique comme dans beaucoup de pays occidentaux, ils sont tenus de conserver les données de connexion (date, durée et adresse IP) de leurs abonnés durant un an et de fournir les identités de ces derniers au magistrat qui le demande, par exemple lors d’une enquête relative à la pornographie enfantine. Une inquiétude toutefois : dans un futur proche, de plus en plus d’internautes pourront utiliser leur GSM à cartes pour ce connecter sur le net, et les retrouver sera donc plus difficile.       

 

 

Les nouvelles technologies digitales donnent aux abuseurs le sentiment de quasi-impunité lorsqu’ils produisent du matériel à caractère pédophile, par exemple des photos : au lieu de devoir passer par un magasin pour faire développer les films, avec le risque d’être dénoncés par le photographe, les pédophiles d’aujourd’hui utilisent presque toujours les appareils de photo digitaux qui permettent de transférer les images directement sur un ordinateur, d’où ils peuvent les envoyer sur Internet. Heureusement pour les victimes, ce sentiment d’anonymat ne correspond que partiellement à la réalité : il est techniquement possible de retrouver, via la photo publiée sur le net, la date à laquelle elle a été prise. Parfois, des indices sur l’arrière-plan de l’image permettent aussi de découvrir l’endroit où elle a été prise. Autant d’éléments qui permettent aux services de police de démarrer une enquête.

 

Installé chez lui devant son écran d’ordinateur, le cybernaute peut avoir l’impression qu’il va surfer sur le net de façon complètement anonyme. Chaque utilisateur qui se relie à Internet est pourtant identifié par une adresse IP (« Internet Protocol »), qui change à chaque connexion, et se compose d’une série de chiffres. Les fournisseurs d’accès connaissent le nom et l’adresse des surfeurs qui se cachent derrière ces adresses IP. Or, en Belgique comme dans beaucoup de pays occidentaux, ils sont tenus de conserver les données de connexion (date, durée et adresse IP) de leurs abonnés et les fournir les identités de ces derniers à la police qui le demande. Une inquiétude toutefois : dans un futur proche, de plus en plus d’internautes pourront utiliser leur GSM à cartes pour ce connecter sur le net, et les retrouver sera donc plus difficile.        

 

 

En Belgique, c’est une unité de la police fédérale, la FCCU (Federal Computer Crime Unit) qui est chargée de récolter les informations des cybernautes qui constatent ou soupçonnent une activité illégale sur Internet. Ils peuvent s’adresser à elle via son point de contact, à l’adresse www.fedpol.be. Plus de 90% des messages envoyés à la FCCU ont trait à la pédopornographie. « Nous avons reçu 12.000 messages en 2001, affirme le commissaire Luc Beirens, chef de l’unité, dont 8.500 contenaient des informations utilisables. Il s’agissait de dénonciations de sites, de newsgroups, d’adresses E-mail, etc. Nous avons tout vérifié, et 579 messages faisaient état d’infractions à la loi belge. Seuls 72 avaient été commises sur notre territoire. Dans ces cas-là, nous rédigeons un procès-verbal que nous envoyons au parquet ou au magistrat national, qui décident s’il y a lieu d’effectuer une descente au domicile du cybernaute concerné. Son matériel informatique peut alors être saisi et analysé par l’un des dix-sept CCU (Computer Crime Unit) qui se répartissent dans les différents arrondissements judiciaires du pays. Pour les infractions commises à l’étranger, nous contactons les autorités compétentes dans le pays concerné via Interpol »

 

                  A quand une collaboration efficace entre polices ?

 

La coopération internationale entre les différents services de police dans la lutte contre la pédopornographie est encore très insuffisante. Tout comme en Belgique, les polices des autres pays européens ont elles aussi leurs points de contact et font le même travail d’analyse que la FCCU, souvent sur base des mêmes informations. « C’est une perte de temps, souligne Luc Beirens, et elle pourrait être évitée si des organisations internationales comme Europol ou Interpol obtenaient la compétence d’effectuer le travail d’analyse sur base des informations que tous les services de police leur transmettent. Ils nous renverraient les dossiers qui concernent nos pays respectifs »

 

 

Ponctuellement, les polices de différents pays parviennent tout de même à se mettre d’accord pour monter une action commune ponctuelle dans la lutte contre la pédopornographie. Lors de la plus grande action de ce style, baptisée Opération Cathédrale, Interpol et la police britannique ont démantelé un réseau, le Wonderland Club, qui comprenait 180 membres détenant plus de 750.000 images pornographiques mettant en scène des enfants et plus de 1.800 heures de vidéo numérique du même style. Les enquêteurs ont découvert les images de 1.263 enfants. Plus des deux tiers des services de police nationaux concernés n’ont cependant pas participé à l’opération policière qui visait à arrêter les membres du club et à le fermer. Seuls 16 enfants ont été identifiés. L’un d’eux était un garçon portugais qui avait été porté disparu auparavant et qu’on croit mort depuis. Un autre venait du Chili, un autre d’Argentine et les autres étaient pour la plupart des anglais ou américains.

 

 

L’un des éléments les plus frustrants de la lutte contre la pédopornographie sur Internet est que la majorité des sites de ce genre sont hébergés dans des pays où leurs auteurs ne risquent rien, soit parce qu’aucune législation ne punit ce genre de crime, soit parce que les polices nationales ne sont pas équipées, formées ou sensibilisées à une action dans ce domaine. C’est le cas notamment de certains Etats américains et de pays d’Europe de l’Est comme la Russie ou l’Ukraine. Mais à défaut de pouvoir contraindre ces pays à ordonner la fermeture de ces sites, ne pourrait-on pas au moins en bloquer l’accès depuis la Belgique ? « C’est faisable sur le plan technique, mais ce n’est pas une solution efficace, répond Luc Beirens, car il suffirait aux auteurs du site de changer son adresse d’une lettre pour qu’il échappe aux filtres que nous aurions installés ».

 

 

Le même genre de difficulté est rencontrée dans les newsgroups. Il en existe des dizaines de milliers de par le monde, et c’est au serveur à décider auxquels ses clients peuvent s’abonner. La FCCU a transmis aux serveurs belges la liste des groupes qu’ils ne devraient pas proposer (« alt.sex.pedophilia » et autres newsgroups du même style), mais rien n’empêche techniquement le surfeur belge d’y accéder en passant par un site (généralement payant) basé dans un autre pays. Les pédophiles contournent également l’interdiction en publiant leurs photos dans des groupes dont les noms n’ont aucune connotation sexuelle.

 

 

La FCCU compte pour le moment 13 policiers. Il est prévu que cet effectif double en 2003, ce qui devrait lui permettre de mener des recherches proactives au lieu de se baser uniquement sur les dénonciations, mais face à l’ampleur gigantesque prise par la pornographie enfantine sur Internet, elle devra toujours établir certaines priorités. « Nous ne sommes pas à la chasse des collectionneurs de matériel pédopornographique, souligne Luc Beirens. Notre but est de protéger les enfants et pour ce faire, nous voulons avant tout mettre la main sur ceux qui produisent ou publient ce genre de matériel. Nous avons également des dossiers sur des collectionneurs, mais nous les utilisons surtout pour trouver les traces qui peuvent nous mener aux producteurs, et nous tentons aussi de savoir si ces collectionneurs n’auraient pas commis des abus sur des enfants, ce qui est souvent le cas ».

  

                                                                         Samuel Grumiau

 

Autres articles de ce dossier :

 

- http://www.sampress.org/base/frFR/affiche_art/articles-113.html

 

- http://www.sampress.org/base/frFR/affiche_art/articles-114.html

 

- http://www.sampress.org/base/frFR/affiche_art/articles-115.html

 

- http://www.sampress.org/base/frFR/affiche_art/articles-116.html

 

- http://www.sampress.org/base/frFR/affiche_art/articles-117.html

 

 

                                 Que dit la loi belge ?

 

 

Il est parfois difficile de cerner ce qui relève de la pornographie ou non. Des photos prises sur des plages nudistes, sans gros plan ou position à caractère sexuel, en font-ils partie ? Beaucoup seront tentés de répondre par la négative, mais les sites pédophiles regorgent de milliers de photos d’enfants nus prises dans les endroits nudistes, parfois à l’insu d’eux-mêmes ou de leurs parents. En poussant plus loin, on pourrait aussi remettre en question l’iconographie classique ou d’autres formes artistiques qui utilisent des images d’enfants nus ou très légèrement vêtus (en les présentant par exemple sous forme d’anges). Des notions de pureté et d’innocence sont véhiculées dans ces représentations, mais qui sait ce qu’y voient les pédophiles ?

 

 

En Belgique, une directive ministérielle définit la pédopornographie comme « des objets ou supports visuels de toute nature qui représentent des positions ou des actes sexuels à caractère pornographique, impliquant ou représentant des mineurs d'âge ». Des photos d'enfant nus où les parties génitales ne sont pas représentées en détail, des images didactiques, artistiques ou scientifiques ne sont donc pas considérés comme matériel pédopornographique.

 

 

La législation belge punit toute personne située en Belgique et qui serait en possession de pédopornographie, quel que soit son support (informatique, magazine, etc.). La diffusion et la production de ce genre de matériel sont, bien entendu, punis également.

 

                                                                                      S.G.

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