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Les migrants de la nuit

(février 2006)

Article d’un dossier « Ouganda » publié dans le numéro de février 2006 de « Libertés ! », mensuel d’Amnesty International en Belgique francophone (1)

 

 

Chaque nuit, environ 30.000 enfants du nord de l’Ouganda fuient leur domicile à la recherche d’un endroit relativement sûr pour dormir, dans les villes ou dans des camps de personnes déplacées .

 

Appelés « les migrants de la nuit », ces enfants ne retournent chez eux qu’au petit matin, puis répètent le même trajet le soir suivant. Certains marchent pendant plusieurs kilomètres, souvent sans la protection d’adultes de leur famille. Beaucoup finissent par dormir dans des églises, dans l’enceinte des hôpitaux ou dans des entrées de magasins. D’autres parviennent à gagner des centres gérés par des organisations non gouvernementales où ils bénéficient d’un endroit pour dormir, d’eau propre et de soins de base.

 

Tous ces enfants sont exposés en route à des risques de violences physiques, d’exploitation sexuelle et de viol, mais ils sont contraints de prendre ces risques pour échapper aux attaques et enlèvements nocturnes de la LRA (Lord’s resistance Army). « Je quitte ma maison chaque soir vers 18 h pour venir dormir dans une école de la ville de Gulu transformée en dortoir la nuit, explique Patrick Arop, 13 ans. J’habite à deux kilomètres, mais des rebelles de la LRA passent parfois dans cette région, mes parents craignent que je sois enlevé ou tué. Le matin, je repars chez moi vers 7h, je prends un petit déjeuner dans ma famille, puis je vais à l’école jusque 17h. Il ne me reste alors qu’une heure pour prendre un repas du soir, aider ma mère et prendre la route vers le refuge de nuit. C’est très dur, surtout à la saison des pluies. Comme beaucoup d’enfants, je n’ai qu’un plastique pour me protéger des intempéries ».

 

Les centres d’accueil étant régulièrement débordés par l’afflux d’enfants, ils refusent que les adultes puissent eux aussi s’y réfugier la nuit. En période scolaire, les contacts quotidiens entre parents et enfants se limitent donc à une heure ou deux, et ce dès le plus jeune âge. « Lorsque nous avons ouvert ce refuge, certains parents essayaient même de se décharger de leur responsabilité en disant à leurs enfants d’aller directement de l’école à ici et vice versa, explique un responsable du centre d’accueil géré par MSF-Suisse dans la cour de l’hôpital Lacor de Gulu. Nous ne donnons aucune nourriture afin de ne pas créer un facteur d’attraction supplémentaire. A travers de petits jeux ou des danses, nous essayons cependant de leur apprendre les gestes élémentaires à l’hygiène et à la santé ».

 

                                                                  Samuel Grumiau

           

(1) Autres reportages de ce dossier:

- http://www.sampress.org/base/frFR/affiche_art/articles-89.html

- http://www.sampress.org/base/frFR/affiche_art/articles-90.html

- http://www.sampress.org/base/frFR/affiche_art/articles-92.html

- http://www.sampress.org/base/frFR/affiche_art/articles-93.html

- http://www.sampress.org/base/frFR/affiche_art/articles-94.html

 

 

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